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Lovefool, de Gintare Parulyte

Dernière mise à jour : 19 avr. 2023

Qu'il s'agisse de musique, de théâtre, de cinéma ou autre, les arts sont un miroir de notre inconscient et peuvent constituer un outil thérapeutique fort dans le parcours de réparation des traumatismes.





J'aime particulièrement quand les créations artistiques racontent des histoires qui nous parlent à tous, quand elles nous inspirent, nous supportent, nous aident à expier nos démons et à traverser des moments difficiles. Ces oeuvres qui s'assument, qui n'ont pas honte de se présenter telles qu'elles sont dans leurs tripes, totalement authentiques et qui se moquent des règles de bienséance, elles disent ce qu'elles ont à dire, portent le message qu'elles ont à porter, rien de plus, rien de moins.


J'aime cette vulnérabilité dévoilée des artistes, car c'est elle qui suscite les émotions du spectateur, lui font ressentir les choses sous un prisme différent, l'ouvrent à d'autres possibles. Et l'un des buts majeurs de la thérapie n'est il justement pas d'accompagner chacun d'entre nous sur le chemin de l'ouverture à d'autres possibles ? En tant qu'artiste comme en tant que spectateur, la représentation nous permet de passer un moment en dehors du temps, un moment pendant lequel tout peut être fait, tout peut être dit, un moment au cours duquel nous pouvons laisser de coté tout ce que nous pensions être ou savoir pour nous ouvrir à la proposition d'un autre possible.


J'avais envie pour ce premier article de la rubrique Arts & Thérapie de parler d'amour. Amour de soi évidemment; dans la conscience que notre progression dans cette quête reste un exercice quotidien, l'oeuvre d'une vie, de notre vie, et que celle-ci mérite que nous lui accordions tout le respect et l'amour de soi que nous puissions nous donner. Car il est en effet difficile de parler d'amour sans évoquer des sujets tels que la dépendance affective et le fait d'être au clair avec ses propres limites pour se sentir respecté premièrement par soi même et également dans les relations que nous entretenons avec notre entourage.


What is love? / C'est quoi l'amour?


C'est par ces mots que débute la pièce de théâtre Lovefool de Gintare Parulyte, racontant l'histoire de Grace, une femme ordinaire, confrontée à ces problèmes ordinaires de femmes dont on ose encore que trop peu parler aujourd'hui.

Addictions, menstruations, sexe, pression du patriarcat, père absent, thérapie; Grace est un personnage touchant, une assoiffée d'amour incarnée avec justesse et vulnérabilité par Kristin Winters. Elle veut plaire, être aimée et nous confie son histoire: ses anecdotes de travail, ses histoires de coeur et de cul, ses soirées entre amis, ses rendez vous chez le psy, jusqu'à la levée d'amnésie traumatique lorsque le voile se lève sur le viol par son beau père, jusque là oublié. Elle décide alors de ne plus cacher les injustices sous le tapis et nous raconte durant ce monologue bien cadencé d'une heure, comment elle reprend sa vie en main en apprenant à se donner à elle même cet amour jusque là désespérément recherché auprès des autres.


Loin de verser dans le pathos, Gintare Parulyte nous offre un récit aussi poignant que décomplexé. Si le sujet reste actuel et sérieux, Lovefool est un hymne à l'amour de soi qui nous délivre un message d'espoir faisant voler en éclats les tabous avec humour, sensibilité et humanité.


Une véritable oeuvre thérapeutique à lire et à voir, dans la lignée des Chatouilles d'Andréa Bescond, racontant l'histoire autour de la réparation du traumatisme des violences sexuelles en traversant les étapes essentielles au processus thérapeutique sur le chemin de l'amour de soi.


Lovefool est une oeuvre originale de Gintare Parulyte

Photo officielle de Véronique Kolber

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